40 jours
love skin
various fabrics, 2018
Dans le protocole écrit au début des 40 jours de semi-enfermement dans une chambre construite dans l’atelier d’AESP aux Beaux-Arts, il y avait l’obligation d’une sieste tous les après-midis. Il faisait cru dans l’atelier, j’eus l’idée de me confectionner une couverture et demandai à des proches — parfois perdus de vue — de me faire parvenir le morceau d’un tissu de 17x17cm.
mental escape
cotton, pearls, 2018
untitled
porcelain, 2018
40 jours
wood, burlap, algae, slideshow, arduino, various objects, 2018
Choisir de vivre l’expérience d’un semi-enfermement au milieu de l’atelier d’Art dans l’Espace Public que j’occupais aux Beaux-Arts de Bruxelles en y construisant « ma chambre », structure en bois tendue de toile de jute. Réflexion autour de la psychiatrie, du danger de l’enfermement – celui, entre autres, de ne plus vouloir sortir – et des mécanismes de réparation. J’établis un protocole et tentai de m’y tenir. Ce ne fut pas toujours le cas. J’y conçus quelques pièces, je réparais aussi, séduite par la pratique du Kintsugi – 金継ぎ- qui signifie « jointure en or » et est une méthode de réparation de céramiques cassées avec une laque spéciale mélangée avec de l’or. Cela relève d’une philosophie qui prend en compte le passé de l’objet, son histoire et les accidents éventuels qu’il a pu connaître. La casse d’une céramique ne signifie plus sa fin ou sa mise au rebut, mais un renouveau, le début d’un autre cycle et une continuité dans son utilisation.
La toile de jute laissait passer la lumière. Je distinguais et entendais les silhouettes des personnes présentes dans l’atelier. Durant la conception du projet, je pensais les actions à partir de mon propre point de vue. Je n’avais pas imaginé celui des personnes utilisant l’espace-atelier comme moi, les étudiants, les professeurs, les visiteurs occasionnels. Certains étaient arrêtés par la toile et n’osaient pas entrer, d’autres « frappaient à la porte », d’autres encore entraient sans prévenir, s’installaient. L’espace, indéfini, ni public ni privé, fut propice à une certaine familiarité, un certain abandon. Des discussions, souvent intimes eurent lieu avec des étudiants à travers la toile, comme dans un confessionnal.
Me retrouvant dans cet espace clos, j’en profitai pour visionner de vieilles dias familiales et trouvai des photos que je ne connaissais pas, datées des années 50. Les images sont celles d’une famille parfaite, d’une apparence impeccable, comme dans Mad Men ou dans de vieilles publicités. Je les utilisai comme inserts dans la série de photos prises autour de l’hôpital Fonds Roy. Le passage d’une dia à l’autre est provoqué par le mouvement des spectateurs, grâce à des capteurs et un programme Arduino. Il s’agit de placer ceux-ci dans la position du voyeur qui rentre dans cet espace ni privé ni public.